29 avril 2024
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De Gassion à Piaf : une vie en portraits

Afin d’honorer le cent huitième anniversaire de la naissance d’Édith Piaf, icône française et internationale dont tout le monde connaît les chansons et les déboires, j’ai décidé de passer par une série de portraits de ceux qui ont compté, en mal ou en bien – souvent les deux.

Annetta Giovanna Maillard dite Line Marsa (1895-1945), ou le temps de l’abandon

Annetta Maillardorigine inconnue

Le premier être vivant rencontré par Édith Giovanna Gassion – son nom complet – est évidemment sa génitrice, qui l’a mise au monde le 19 décembre 1915 à 5h du matin, au 4 rue de la Chine (XXe arrondissement de Paris), dans une chambre de ce qui est toujours l’hôpital Tenon. La rumeur, répandue par la presse, mais aussi par Édith et par sa mère, raconte que la future star serait née en pleine rue, devant le domicile de ses parents au 72 rue de Belleville. Elle est prénommée « Édith » en hommage à Édith Cavell, une infirmière britannique fusillée deux mois auparavant par l’armée allemande car elle avait permis l’évasion de centaines de soldats alliés.

Annetta, dont le nom de scène est « Line Marsa », est née par hasard à Livourne car ses parents, artistes de cirque itinérants, étaient en tournée en Italie cet été 1895. Elle prendra la relève, étant tour à tour écuyère, funambule et chanteuse de cabaret. Après la naissance d’Édith, elle tombe amoureuse d’un employé de banque, et abandonne mari et surtout enfant, qu’elle laisse à sa propre mère. Elle aura un fils, Herbert, né en 1918 à Marseille, qui est officiellement le frère d’Édith mais dont la paternité est plus que discutée. Il passe d’ailleurs son enfance à l’Assistance publique, tandis que sa mère est en tournée à Istanbul.

Elle divorce de Louis Gassion, le père d’Édith, le 4 juin 1929. Rien n’indique qu’elle a revu sa fille depuis sa petite enfance, et tout semble indiquer qu’elle ne la reverra jamais. En effet, si Édith répond à certaines des (très) nombreuses lettres de sa mère lui réclamant de l’argent pour survivre, elle évite soigneusement de la rencontrer. Détruite par l’alcool et la drogue, logée entre l’hospice et la prison, elle est retrouvée morte au milieu des poubelles, à Pigalle le 6 février 1945. Édith la fait enterrer au cimetière parisien de Thiais, et non au Père-Lachaise, là où trouveront pour dernière demeure tous les membres de sa famille (son père, sa fille, Édith elle-même, et son dernier mari). Il est impossible de visiter la tombe d’Annetta, car la concession a été reprise.

Emma Saïd Ben Mohamed dite Mena (1876-1930), ou le temps de la négligence

La Danse mauresque – Henri de Toulouse-Lautrec, 1895 (Arletty affirme qu’Emma Saïd est le modèle féminin)

La future Édith Piaf, alors qu’elle n’est encore qu’un nourrisson, est donc confiée à sa grand-mère par une mère peu intéressée. Cette grand-mère se nomme Emma Saïd Ben Mohamed, a quarante ans, est déjà veuve, et ne semble pas plus apte que sa fille à élever un enfant : logement insalubre, alcoolisme… Il semble loin le temps où la jeune Emma, née à Soissons d’un kabyle de Mogador (Maroc) et d’une Piémontaise tous les deux acrobates, faisait fureur avec son numéro de puces sauteuses, sous le nom de scène Aïcha. Elle semble vivre de ménages depuis qu’Auguste Maillard, son défunt mari, n’est plus là.

L’état du 91 rue Rébeval, son lugubre appartement du XIXe arrondissement, est dangereux pour la petite Édith, tout comme le peu de soins prodigués par sa grand-mère : elle lui est retirée (enfin) à ses dix-huit mois. Emma se remarie avec un coiffeur en 1923, n’arrête pas l’alcool, et meurt de la tuberculose quelques années plus tard.

Louise Léontine Descamps dite Maman Tine ou Titine (1860-1937), ou le temps du miracle

Entrée d’une maison close – Eugène Atget, 1910

Retirée de chez la sordide Emma, Édith quitte Paris pour la première fois. Direction la Normandie, où elle est envoyée chez son autre grand-mère, Léontine dite « Titine » Descamps, mariée à Victor Alphonse Gassion, premier saltimbanque d’une famille d’agriculteurs, mais qui a arrêté le cirque pour ouvrir un bazar. Titine, elle aussi artiste à l’origine, s’est également reconvertie en ouvrant… une maison close, « Le Grand 7 », à Bernay, dans l’Eure.

Léontine ne semble pas particulièrement ravie de la présence de l’enfant, mais s’en occupe, et la gamine est choyée par les prostituées du Grand 7. Elle mange à sa faim, boit du lait, porte de beaux habits, va à l’école, apprend le piano. C’est toutefois à Bernay qu’on découvre à Édith une kératite mal soignée aux deux yeux, et dont on dit qu’il y a toutes les chances qu’elle rende l’enfant aveugle. Le hasard ayant voulu que la maladie disparaisse huit jours après que la grand-mère a emmené Édith sur la tombe de Sainte Thérèse à Lisieux. Édith en restera marquée à vie, très pieuse et croyante en dépit d’un mode de vie assez éloigné de celui des religieuses.

À la fin de la guerre, le père d’Édith la récupère. Selon plusieurs sources familiales, marquée par cette période, elle reviendra souvent en Normandie, pas à Bernay mais à Falaise, où vivent la majorité des Gassion, et où s’installera définitivement « Titine » pour finir ses jours, une fois veuve et après avoir vendu la grande maison de Bernay.

Louis Alphonse Gassion (1881-1944), ou le temps de la rébellion

Louis Gassion – origine inconnue

Le petit (1m54) homme chétif (44 kg) qui ramène sa fille à Paris s’appelle Louis Gassion. On pourrait croire, de bonne foi, qu’il a laissé son enfant de mauvaise grâce à cause de la guerre, mais l’histoire est toute autre : réformé « temporairement » en 1915 (pour « bronchite suspecte et mauvais état général »), il n’a pas rejoint son régiment ensuite, et a réussi à être réformé définitivement le 20 septembre 1916. Depuis, il cavale de ville en ville, au gré de ses opportunités professionnelles et de ses rencontres.

En effet, fils d’artistes de cirque comme Annetta, il a, comme elle également, suivi leur voie. Son physique lui permet de se présenter comme « l’antipodiste », l’homme qui marche la tête à l’envers et sur une main. On ne sait pas vraiment pourquoi il s’est senti obligé, en 1922, de s’occuper de sa fille. Sûrement pas la fibre paternelle, puisqu’il se montre bien peu tendre, qu’il collectionne les aventures, et qu’il fait vivre son enfant dans une roulotte. Et bientôt, le cirque Carioli, qui l’avait engagé en 1921, ne veut plus de lui, et père et fille sont contraints de devenir artistes de rue.

« Miss Édith, phénomène vocal », c’est le nom sans équivoque choisi par Louis pour exploiter sa fille. Ils séjournent régulièrement à Mourmelon-le-Grand (Marne), où ils ont un numéro à l’Alhambra, mais aussi parfois à Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), à Lens, à Nancy. Édith tente régulièrement de fuguer.

À quinze ans, celle qui commence à découvrir sa voix unique fuit définitivement. Louis remplace sa fille par une jeune femme : en 1930, Georgette L’Hôte a 22 ans, il en a déjà 49. Rien d’inhabituel, puisque lors de ses premières noces, la mère d’Édith avait 19 ans et lui 33. Georgette, dite « Yéyette », lui donne une fille, Denise, née à Paris en 1931. Denise Gassion deviendra chanteuse au Canada, et aura l’occasion, selon ses dires, de rencontrer plusieurs fois sa demi-sœur Édith. Elle est aujourd’hui âgée de 92 ans.

Louis meurt d’un cancer du poumon le 3 mars 1944, au 84 rue Rébeval, son domicile parisien.

Simone Berteaut dite Momone (1918-1975), ou le temps de l’amitié

Édith Piaf et Simone Berteaut – Getty

En 1930, Édith Gassion sort enfin de ce contexte familial anarchique qui l’a baladée aux quatre coins de la France pour s’établir à Paris. Elle s’est trouvé une alliée répondant au nom de Simone Berteaut, avec qui elle va faire son beurre mais aussi nouer une profonde amitié.

Celle-ci serait née le 29 mai 1918, dans le 2e arrondissement lyonnais, alors que ses parents travaillaient à l’époque à Paris. Pourtant, son nom ne figure ni dans le registre d’état civil de l’arrondissement, ni dans la table annuelle, ni dans la table décennale. L’INSEE reconnait toutefois officiellement la date et le lieu de naissance. Outre ce mystère, elle racontera elle-même qu’elle était la fille de Louis Gassion, et donc la demi-sœur d’Édith.

En réalité, elle serait plutôt la fille de « Pierre Berteaut » et « Carole Hansort », informations à prendre avec des pincettes puisqu’il est très difficile de retrouver leur trace. En tout cas, à 12 ans, « Momone » vit chez sa mère, concierge à Ménilmontant, et celle-ci est bien contente de s’en débarrasser lorsqu’elle rencontre Édith. Les deux gamines emménagent ensemble et gagnent de l’argent dans les rues de Paris : Édith chante, Simone fait la quête. Pendant des années, elles travaillent, fument, boivent et dorment ensemble dans un petit appartement au 105 rue Orfila (20e arrondissement).

Cette vie dure sept ans, à peine interrompue par la rencontre d’Édith avec un garçon-livreur, « P’tit Louis » Dupont (1915-1965), avec qui elle a une fille, Marcelle. L’enfant nait, comme sa mère, à l’hôpital Tenon, le 11 février 1933. Édith quitte brièvement la rue pour faire des ménages ou travailler comme apprentie crémière, mais cela ne lui convient pas, alors elle retourne chanter avec son amie, avec son nourrisson sous le bras. Louis la quitte, et Marcelle meurt d’une méningite tuberculeuse le 7 juillet 1935 à l’hôpital Necker.

Heureusement, elle a toujours Simone. Elles ne vivront plus ensemble en continu, mais par périodes, comme pendant l’Occupation, lorsqu’elles s’installent à l’Etoile de Kleber, une maison close du XVIe arrondissement réservée aux officiers allemands et aux collabos (cela fera une mauvaise réputation à Édith, comme ses concerts à Berlin, mais elle sera blanchie par le comité d’épuration) ; ou comme en 1949, quand Édith achète un hôtel particulier à Boulogne-Billancourt et qu’elle y loge immédiatement Momone.

Elles se brouillent parfois, mais Simone n’est jamais bien loin. Lorsqu’Édith développe une polyarthrite aiguë qui la handicape et la fait souffrir de plus en plus dans les années 1950, c’est son amie de toujours qui la fournit en morphine. Un bien pour un mal, tant la vedette va devenir accro, et le rester malgré les cures de désintoxication.

Simone aurait vu Édith pour la dernière fois la veille de sa mort. Avant de partir elle aussi, le 30 mai 1975, elle laisse deux livres sur son amie (Piaf : récit en 1969 et Momone : récit en 1972), et deux enfants nommés… Édith et Marcel.

Louis Leplée dit Papa Leplée (1883-1936), ou le temps du succès

Louis Leplée – Alinari Archives, Florence

Revenons un peu en arrière, à l’époque où Édith et Simone écument encore les rues parisiennes pour quelques pièces. La voix de l’aînée plait, et elle commence à chanter dans les cabarets. Cela permet aux deux amies d’arrondir les fins de mois, mais l’horizon professionnel est encore dans le brouillard.

C’est alors qu’Édith va faire une rencontre décisive. Louis Leplée, qui connait le monde de la nuit comme sa poche depuis plus d’une décennie, la remarque et la convainc de venir chanter au Gely’s, un cabaret de la rue Pierre-Charon (8e arrondissement) qu’il a repris en 1931 et qu’il dirige seul depuis quelques mois. Nous sommes alors en octobre 1935. Édith Gassion devient  « La Môme Piaf », surnom trouvé par Leplée, et son protecteur compte bien faire d’elle une grande. Premier passage en radio, premiers « vrais » concerts, premier disque… Tout arrive en quelques mois.

Toutefois, le destin fait le malin, et non seulement « Papa Leplée » est assassiné quelques mois plus tard, mais en plus Édith est mise en cause dans cette tragédie. La raison ? Les fréquentations « douteuses » de la jeune chanteuse depuis quelques années : légionnaires, marins, maquereaux… L’affaire fait grand bruit, et l’opinion publique n’est pas tendre avec elle. Elle manque alors de retourner chanter dans la rue, mais trop tard : son talent a déjà fait suffisamment parler pour que les producteurs, Jacques Canetti et Raymond Asso en tête, se l’arrachent.

L’amitié entre celle qu’on appelle désormais « Édith Piaf » et Louis Leplée fut brève, mais décisive. Bientôt, Édith chantera à l’Alhambra, à Bobino, à l’ABC, et jouera dans une pièce que Cocteau a écrite pour elle. Impossible de faire marche arrière.

Marcellin Cerdan dit Marcel Cerdan ou Le bombardier marocain (1916-1949), ou le temps de la passion

Marcel Cerdan – Harcourt

C’est peu dire qu’elle en a connu, la Môme, des vedettes, présentes et futures, françaises et internationales ! Cocteau, Montand, Aznavour, Moustaki, mais aussi Eddie Constantine, Douglas Davis…  Mais s’il n’en devait rester qu’une, ce serait bien sûr Marcel (né Marcellin) Cerdan, star de la boxe et champion du monde des poids moyens en 1948-49.

Celui-ci est né à Sidi-Bel-Abbès, en Algérie française, comme en témoigne son acte de naissance du 22 juillet 1916. Toute sa famille est originaire d’Espagne : les Cerdan sont de Valence et les Cascales (du nom de sa mère) de Murcie, en Andalousie ; ils ont traversé la Méditerranée, comme les miens, dans les années 1870. Alors que le petit Marcellin est encore enfant, la famille, qui vit dans une pauvreté extrême, quitte l’Algérie pour le Maroc, et s’installe à Casablanca.

« Marcel » épouse Maria Lopez, surnommée Marinette, elle aussi d’origine espagnole, le 23 janvier 1943 ; ils ont trois fils, Marcel Jr (1943), René (1945) et Paul (1949-2013). Il aurait une autre fille, Marcelle (1943), d’une précédente aventure.

Si d’après son fils aîné, Édith Piaf n’a été « qu’une maîtresse parmi tant d’autres » dans la vie de Cerdan, la presse écrit la légende des deux amants comme une grande histoire d’amour, la plus grande de la vie d’Édith – et de Marcel.

C’est au Club des cinq, un cabaret de Montmartre, que Cerdan entend Piaf chanter pour la première fois. Lui a été sacré champion de France des poids moyens pour la deuxième fois la veille, elle est en pleine ascension également, mais aussi en pleine rupture avec Yves Montand. Ils ne se rencontrent pas, mais le boxeur est marqué par la performance vocale.  

En octobre 1947, chacun triomphe à New York dans sa discipline. Les deux stars se rencontrent dans un restaurant, et ne se lâcheront plus, bien que le sportif rechigne à divorcer de Marinette. Celle-ci lui envoie même un télégramme de rupture à la suite de la révélation de sa liaison ; rupture qu’il refuse, se justifiant d’une amitié avec la chanteuse.

L’idylle est intense mais ne dure pas : en 1949, alors qu’il ne doit affronter le grand Jake LaMotta que le 2 décembre à New York, Marcel Cerdan est pressé par Édith pour la rejoindre alors qu’il s’entraîne en France. Ce 27 octobre, il se précipite avec son équipe à Orly, et profite de la gentillesse de trois voyageurs qui cèdent leurs billets. Le mauvais temps force le Lockheed Constellation à passer par les Açores, au large du Portugal, au lieu de l’Irlande, son trajet habituel. À cause d’une erreur humaine, l’avion s’écrase vers 2h55 dans les montagnes de l’île de San Miguel. Quarante-huit morts, aucun survivant.

À 17h10, Marcel Cerdan (33 ans), son ami Paul Genser (44 ans) et son manager Jean-Joseph Longmann (32 ans) sont parmi les victimes selon le bilan officiel de l’accident. Le champion est identifié grâce à ses deux montres, cadeaux de sa maîtresse. La France est sous le choc, Édith aussi. Elle tient à chanter le soir même, notamment L’Hymne à l’amour, mais s’effondre sur scène. La mort de l’homme de leur vie rapproche Édith Piaf et Marinette Lopez, et l’amante installe « l’officielle » dans son hôtel particulier de Boulogne avec ses trois enfants.

Édith, bouleversée, malade (sa polyarthrite ne la lâche plus), ne peut plus se passer des médicaments ni de l’alcool. Elle multiplie les relations éphémères, les accidents de voiture, et les opérations chirurgicales. Elle vend même l’hôtel de Boulogne, dans lequel elle avait investi avec Marcel, pour s’installer au 67 boulevard Lannes, dans le seizième arrondissement. Elle épouse René Ducos, dit « Jacques Pills », à New York, mais divorce cinq ans plus tard.

Soixante-dix ans ont passé depuis, et leurs noms sont toujours liés, chacun dans la légende de l’autre.

Théophanis Lamboukas dit Théo Sarapo (1936-1970), ou le temps des adieux

Théo Sarapo et Édith Piaf – MANCIET/DALMAS/SIPA, juillet 1962

Le dernier témoin intime de la vie de Piaf sera un jeune homme, « Théo », qu’elle engage comme secrétaire, puis tente de lancer dans la chanson (comme elle l’a fait avec Aznavour, Moustaki et d’autres). Celui-ci, fils d’un coiffeur grec installé à Paris, n’a que 23 ans. Elle en a vingt de plus, mais paraît avoir vécu trois siècles tant elle est affaiblie.

Sur scène, Édith ne peut plus se tenir debout ni bouger, malgré les médicaments à haute dose. Les projets de tournée avec Théo sont pour la plupart avortés, mais leur projet de vie se concrétise, puisqu’ils se marient à la cathédrale de rite orthodoxe grec de Paris le 9 octobre 1962.

C’est la villa Les Parettes, louée par Théo à Grasse, dans le quartier de Plascassier, qui sert de dernière demeure à sa femme, auquel il consacre son temps afin de soulager ses souffrances. Toutefois, l’histoire raconte que seules Simone Margantin, son infirmière, et Danielle Bonel, son amie, étaient présentes à son chevet lors de sa dernière heure, le 10 octobre 1963. S’ensuit une histoire rocambolesque, avec une ambulance qui emmène le corps de la défunte à Paris, boulevard Lannes, pour faire croire qu’elle est morte dans son appartement. Tout le monde mord à l’hameçon, grâce à la participation de son médecin qui dresse un faux certificat de décès : la presse reprend les informations, et même l’état civil se fait avoir, puisqu’il est inscrit officiellement « morte à Pais le 11.10.1963 ».

Théo autorise le public à se recueillir sur son cercueil, leur ouvrant même à l’occasion les portes de son appartement pendant deux jours. Le 14 octobre, jour des obsèques, la circulation est suspendue dans l’arrondissement, près de 500.000 personnes sont tassées dans les rues, et près de 40.000 parviennent à pénétrer le Père-Lachaise, provoquant un mouvement de foule et d’importantes dégradations.

Dans les années qui suivent, le jeune veuf ne chante plus, trop occupé à éponger les dettes d’Édith. Il partage brièvement la vie de la speakerine populaire Jacqueline Huet, deux fois divorcée, avant de se tuer en voiture le 28 août 1970, à 34 ans, percuté par un automobiliste ivre, puis un platane.

Au cimetière du Père-Lachaise, division 97, une tombe très simple porte l’inscription « FAMILLE GASSION-PIAF ». Y reposent Édith Gassion, son père Louis Gassion, sa fille Marcelle Dupont, et son dernier mari, Théophanis Lamboukas. Marcel Cerdan est enterré avec Marinette à Perpignan. Louis Leplée a une tombe à Saint-Ouen, sous une dalle anonyme. Simone Berteaut est inhumée à Chelles. Annetta Maillard était enterrée seule au cimetière de Thiais, sur une décision d’Édith, jusqu’à ce que la concession soit reprise.

Spyridon

Sources complémentaires :
Nicole Moran, Sa Maman, interview d’Annetta Maillard dans Vedettes, 1941
Jean-Dominique Brierre, Édith Piaf : sans amour on n’est rien du tout, 2013
Pierre Pernez, Édith Piaf, une vie vraie, 2013
Marie Gendron, Denise Gassion, la sœur d’Édith Piaf (vidéo), interview au Père-Lachaise, 2013
Anonyme, Édith Piaf, morte voici 50 ans, garde ses mystères, dans La Nouvelle république, 2013
Laetitia Ratane, 50 ans après sa mort, la vérité sur « La Môme », interview de Robert Belleret pour Allociné, 2013
Frank Morales, Centenaire de la naissance d’Édith Piaf : ses parents se sont mariés à Sens, dans l’Yonne Républicaine,‎ 2015.
Hervé Meillon, Piaf est responsable de la mort de mon père, interview de Marcel Cerdan Jr pour Clin d’œil magazine, 2017
Jean-Philippe Gautier, Quand la Môme piaffait dans le Calvados, pour Ouest-France, 2022
Damien Lhote (Généanet)
Paris-Visites, 38 : Lundi 6 avril 1936 – Louis Leplée assassiné

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