Pour la première fois sur Spywriton, nous allons délaisser les traditionnelles enquêtes généalogiques pour présenter quelques livres parcourus récemment.
Dans cet article, nous parlerons de :
- La Grande Guerre en Seine-et-Marne, Chantal Antier
- Créer son blog de généalogie, Sébastien Dellinger
- La Vie rurale en Seine-et-Marne, RC Plancke
- Mort pour la France – Histoire de votre ancêtre, Yann Thomas
- Histoire de Cargèse-Paomia et de Piana-Ota-Porto, Élie Papadacci
L’auteure
Chantal Antier-Renaud(1932-) est une historienne reconnue, ancienne enseignante. Habitant près de Fontainebleau (Seine-et-Marne), elle donne de nombreuses conférences, dirige la collection Conflits contemporains aux éditions des Presses universitaires de Lyon. Elle collabore également avec l’Institut d’Histoire des conflits contemporains de Vincennes. Ses œuvres les plus importantes sont sans doute Les Espionnes dans la Grande Guerre (2008), Les Femmes dans la Grande Guerre (2011) et Louise de Bettignies : Espionne et héroïne de la Grande Guerre (2013).
Le contenu
La Grande Guerre en Seine-et-Marne, bien que de taille raisonnable, explore un large éventail de thématiques : rappel du contexte historique et des enjeux locaux, chronologie de la guerre et rôle des Seine-et-marnais, impact des décisions politiques sur les populations, traitement médiatique, mais aussi une partie importante sur le rôle des femmes seine-et-marnaises dans la Grande Guerre, ce qui n’est pas surprenant au regard de la bibliographie de l’auteure. Il présente de nombreux documents d’époque : cartes, photos, archives…
L’avis de Spyridon
Loin de moi l’idée de critiquer l’œuvre d’une pointure de l’Histoire de la Première Guerre mondiale. On a là une œuvre riche, complète, sans être assommante. Les informations sont distillées avec modération, au milieu des destins de milliers d’hommes et de femmes subissant la folie des puissants. Le bémol est ailleurs : quelques coquilles (même sur la quatrième de couverture), et surtout, une ponctuation très hasardeuse. J’aurais bien suggéré un lecteur-correcteur aux éditions Presses du Village, mais il se trouve qu’ils ont mis la clé sous la porte en 2013. Cependant, si l’on ferme les yeux là-dessus, on a entre les mains un travail très sérieux, documenté et vivant, qui servira aux historiens, généalogistes, et curieux de l’histoire locale.
L’auteur
Sébastien Dellinger est avant tout directeur d’une structure spécialisée dans le conseil environnemental ; a priori, rien à voir avec la généalogie ! Créer son blog de généalogie est son premier ouvrage sur le sujet, après Conception et mise en œuvre d’un projet de génie écologique en 2020. Il a ouvert un blog de généalogie en 2012, avec une prédilection pour le podcast et la vidéo.
Le contenu
Créer son blog de généalogie est très léger, aéré, illustré (il n’y a de texte quasiment que sur les pages paires), mais il n’en est pas moins une référence sur le sujet, alors qu’il vient à peine de sortir. En effet, qui s’est intéressé aux blogs de généalogie avant Sébastien Dellinger ? Il est organisé en trois parties très claires : l’avant-blog (pourquoi, comment, quel nom, quel hébergeur…), la mise en place du blog, et enfin les outils pour aller plus loin. Les mini-chapitres font toujours une double page, avec les conseils d’un côté et les captures d’écran de blogs existants de l’autre.
L’avis de Spyridon
J’ai principalement suivi les conseils de la deuxième partie de l’ouvrage de Sébastien Dellinger, puisque j’avais déjà pensé les bases de mon blog avant de m’attaquer à son guide. Il m’a néanmoins été d’un grand secours à certaines étapes. J’apprécie également l’existence de la troisième partie, que j’ai parcourue sans en avoir encore réellement l’utilité, mais qui m’ouvre des perspectives – notamment dans la diversification de contenu – pour l’avenir de Spywriton ! Seul regret : Créer son blog de généalogie s’adresse aux amateurs, et non aux professionnels, et omet donc quelques points pratiques indispensables. Cet aspect n’enlève rien à son utilité, mais il en fait un guide parfait pour les concernés, et un peu moins parfait pour les pros !
L’auteur
René-Charles Plancke (1935-2012)est un historien autodidacte, ancien industriel à la sucrerie de Villenoy (Seine-et-Marne) puis au moulin de Verneuil-l’Etang (idem), ayant reçu plusieurs décorations pour son travail dans ce secteur. Il a ensuite publié sans relâche sur son département (plus de trente ouvrages sur l’histoire locale, parfois sur un village en particulier ; parfois sur une thématique : cirque, voie ferrée…), mais aussi sur sa région d’origine (l’Aveyron). Il a également ouvert un musée personnel, constitué de souvenirs de guerre. Il a vécu à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne) et à Saint-Crépin (Aveyron).
Le contenu
La Vie rurale en Seine-et-Marne ne fait pas le chemin chronologique des évolutions agricoles – et des conditions de vie des agriculteurs – du département en l’espace d’un siècle. L’œuvre est au contraire regroupée en thématiques (la vigne, les bovins, les foires et marchés…) dans lesquelles on trouvera pour chacune une description quelque peu lyrique de la vie paysanne, quelque part entre 1853 et 1953. Ces textes très courts sont accompagnés de (très) nombreuses images et cartes postales d’époque, et de quelques tableaux récapitulatifs (par exemple, l’évolution du nombre de cochons).
L’avis de Spyridon
L’auteur prévient : « Cet ouvrage n’est ni un traité d’économie agricole, ni un précis d’histoire complet ». Et comment lui donner tort ! On a là, plus qu’une œuvre de référence, une collection de cartes postales, certes bien fournie, et d’affiches publicitaires d’époque. Les textes, courts, sont plus proches d’envolées amoureuses que le fruit de recherches approfondies, et jurent avec le caractère scolaire des tableaux statistiques. L’ouvrage n’est cependant pas dénué d’intérêt, et permet de se plonger dans un lieu, une époque et une condition sociale. Elle n’a seulement pas de grande valeur scientifique, mais nous étions prévenus.
L’auteur
Yann Thomas (1975-) est spécialiste de la Première Guerre mondiale, avec près d’une dizaine de publications sur le sujet, la plupart chez OREP éditions, collection 1914-1918.
Le contenu
Mort pour la France, histoire de votre ancêtre est un petit guide, bien fourni toutefois, pour vous permettre de retrouver les traces d’un ancêtre disparu au cours de la Première Guerre mondiale. Sans trame distincte, un peu à la sauce d’un hors série de magazine, il ne se lit pas forcément du début à la fin, mais on va plutôt aller y chercher un sujet précis. Celui-ci est très centré sur les nécropoles nationales, monuments aux morts, et autres sépultures de guerre. Il est extrêmement fourni en illustrations, parfois en arrière-plan. À la fin, une courte liste d’adresses sur le sujet (internet ou physiques) est bien utile.
L’avis de Spyridon
C’est un livre qui a, par sa petite taille, de bonnes excuses pour ne pas être parfait. Il ne se veut pas encyclopédique, donc il peut être brouillon, avoir des objectifs peu clairs, se vanter d’une mise en page surchargée, et bien sûr, être incomplet. Il est cependant bien utile, si on prend la peine de s’y attarder. C’est un guide moderne et accessible aux non-initiés, qu’on garde sous la main pour y jeter un coup d’œil quand le sujet revient sur la table.
L’auteur
Elie Papadacci (1902-1989) est un lointain cousin, journaliste, historien de la Corse, et secrétaire de l’association Parlemu corsu. De lui, il est plus facile de trouver Chroniques historiques corses (1978) et Les Bandits corses (1987) que celui-ci, autoédité. A la Bibliothèque publique d’information Georges-Pompidou, on peut voir le rare L’île de beauté et ses poètes (1984), une anthologie de la poésie corse. Il a remis à ma grand-mère l’exemplaire d’Histoire de Cargèse-Paomia que je possède le 16 décembre 1976.
Le contenu
Histoire de Cargèse-Paomia et de Piana-Ota-Porto est une ode aux villages de Corse, plus précisément ceux de l’ancienne piève de Sevinfuori : la première partie, très dense, relate l’exode des Grecs d’Oitylo (les ancêtres d’Elie Papadacci et les miens) et la création, par leurs mains, du village de Paomia, aujourd’hui disparu, puis celui de Cargèse, toujours debout et témoin de sa propre histoire. La seconde, plus succincte, évoque brièvement Piana, Ota, et Porto (qui n’est pas une commune à part entière, mais constitue le port et le golfe du village d’Ota), avec un point de vue plus descriptif qu’historique. L’œuvre est accompagnée de quelques iconographies, de nombreuses notes de pages explicatives (et très utiles), et, à la fin, de tableaux-listes de noms des Grecs en exil.
L’avis de Spyridon
En essayant d’être le plus objectif possible – mais comment être objectif face à un ouvrage de référence sur l’histoire de votre famille ? – je dirai que c’est un ouvrage aussi clair que complet. Le langage est fluide, les termes sont précis, tout est patiemment développé et donne envie d’aller plus loin. Pour honorer mes vœux d’objectivité, je tempérerai par deux éléments : la deuxième partie, où l’on quitte nos Grecs pour raconter l’histoire des villages proches de Cargèse, me semble superflue et hors de propos, et le résultat d’un non-choix, car elle aurait mérité un ouvrage à part entière, plus développé, ou rien du tout ; aussi, c’est un livre qui a maintenant plus de cinquante ans, et devient poussiéreux. Si l’histoire ne change pas, elle pourrait être enrichie grâce aux nouveaux outils de recherche, et par plus d’images et de cartographies (en couleur ?) ; le texte et ses formulations parfois ampoulées et désuètes – mais non dénuées de charme – gagnerait à être modernisé ; l’état des lieux (« Cargèse aujourd’hui ») est quant à lui à réécrire entièrement, puisqu’il s’est passé un demi-siècle depuis lors. C’est ce que je tente de faire, du mieux possible, dans un livre en cours d’écriture, qui porte pour l’instant le titre Brève histoire de Cargèse et qui fait directement référence et allégeance au travail d’Elie Papadacci.
N’hésitez pas à commenter ou à nous écrire si vous avez eu en main un de ces ouvrages et que vous souhaitez en discuter !
Merci à la médiathèque Côté Cour de Lieusaint pour La Vie rurale en Seine-et-Marne et pour La Grande Guerre en Seine-et-Marne.
Merci à Mémé de m’avoir transmis le livre offert et dédicacé par son cousin.
Merci à l’Historial de la Grande Guerre de Péronne pour Mort pour la France – Histoire de votre ancêtre
Merci à ma collaboratrice, manager, et conseillère en marketing préférée pour Créer son blog de généalogie. 💜
Une réflexion sur « Blog, poilus, Seine-et-Marne et héritage familial : conseils littéraires pour généalogistes et curieux »